LES ÉOSINO.

Combien de fois ai-je vu des biologies qui n’avaient pas été ou mal lues. Quel intérêt y-a-t-il à demander des examens s’ils ne sont pas regardés par les médecins ?

Je suis de garde en médecine interne. Nous sommes samedi, c’est la fin de journée quand un urgentiste m’appelle en me disant « j’ai une sclérodermie systémique ». La sclérodermie systémique est une maladie rare du groupe des connectivites dont la prise en charge est du domaine de l’interniste. Il s’agit d’une maladie exceptionnelle répondant à des critères bien précis. Piqué dans ma curiosité, je me rends au service d’accueil des urgences. Je suis rapidement accompagné par le médecin dans la salle d’examen numéro 5 où m’attendent une patiente et son mari. Après un interrogatoire bien mené, je débute l’examen clinique et m’aperçois au premier coup d’œil qu’il ne s’agit pas d’une sclérodermie systémique. La sclérodermie consiste en une sclérose, un durcissement de la peau qui perd son élasticité et se rigidifie. Mais toutes les sclérodermies ne sont pas systémiques. Si la patiente présente bien une sclérose, cette dernière intéresse surtout le tronc, les épaules et la partie supérieure des bras or la sclérodermie systémique commence toujours par une atteinte au niveau des mains pour remonter progressivement vers le haut. Je n’en veux pas au médecin urgentiste de ne pas avoir relevé cette subtilité, ces maladies sont rares et difficiles à diagnostiquer et il est du ressort de ma spécialité d’en faire le distinguo. C’est lorsque j’ai regardé le bilan biologique que j’ai été plus déçu de mon confrère. Le bilan biologique est strictement normal m’avait- t-il lancé lors de la présentation du dossier. Heureusement, je ne crois que ce que je vois. La patiente présentait en fait un taux de polynucléaires éosinophiles très augmenté. Il s’agit d’une famille de globule blanc qui peut augmenter dans certaines conditions (Maladies allergiques, parasitoses, maladies hématologiques et certaine maladies auto-immunes ou systémiques). Il n’était fait mention nulle part de ce désordre biologique dans son dossier, pourtant il me permettait de faire le diagnostic au lit du malade en quelques minutes d’une fasciite à éosinophiles ou syndrome de Shulman. Une maladie encore plus rare que la sclérodermie systémique. Ce que je veux présenter dans cette publication, c’est l’importance des bilans biologique. Si un examen est demandé, c’est qu’il a une importance. Si les types de globules blancs ne sont pas intéressant, inutile de les demander. De nombreuses fois, j’ai réorienté des patients mal aiguillés parce que les examens n’avaient pas été correctement étudiés par mes confrères.

Les examens médicaux quels qu’ils soient sont suffisamment contraignant pour que les médecins s’attardent sur leurs résultats alors je m’adresse à mes chers confrères : n’oubliez pas de regarder les éosino.

Iconographie: Polynucléaire éosinophile, source Hemarocell.fr

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