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LA TOUR D'IVOIRE

  • Photo du rédacteur: Les carnets d'Asclépios
    Les carnets d'Asclépios
  • 13 sept. 2022
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 mai 2024




22 avril 2022

Madame H. 94 ans, algérienne, se présente aux urgences pour dyspnée aigue et instabilité hémodynamique.

Augmentation des ddimères sans syndrome inflammatoire, l’angioscanner donne la sanction, embolies pulmonaires bilatérales et proximales avec défaillance cardiaque droite. Diagnostic sévère, pronostic précaire.

Hospitalisation en gériatrie, oxygénothérapie, anticoagulation et récupération. Le miracle se produit, ce vieux corps se renutrit, les poumons obsolescents se régénèrent, et la patiente ressort sur ses deux jambes après 18 jours d’hospitalisation…


25 mai 2022

Appel du docteur Rosa Damascena qui s’interroge. Combien de temps la patiente devra-t-elle garder le traitement anticoagulant. Trois à six mois au bas mot. Une autre question se profile, madame H. souhaite retourner au pays une dernière fois, le voyage est prévu dans 1 mois environ, pourra-t-elle prendre l’avion ?

Algérie, moins de trois heures de vol, pas de contre-indication médicale au voyage.


24 juin 2022

Appel du docteur Rosa Damascena qui s’interroge. Madame H a présenté un saignement rectal dans la nuit du 23 au 24 juin. Elle est toujours anticoagulée pour sa double embolie pulmonaire et doit prendre l’avion le lendemain…

Que fait-on ?

…Intense réflexion…

Je réponds qu’il faut contre indiquer le voyage, surveiller la patiente, lui faire des bilans sanguins répétées et arrêter le traitement en cas d’hémorragie sévère.


Non, vous ne comprenez pas, la patiente va faire son voyage. Elle a 94 ans et c’est la dernière fois qu’elle reverra son bled, ce que je vous demande c’est comment on doit faire pour organiser au mieux le voyage.

Nous avons réfléchi longuement et avons laissé le traitement en place car l’hémorragie était peu importante, une prise de sang serait réalisée à l’arrivée.


C’est après coup que j’ai pris conscience de la place de chacun : moi j’étais le savant froid et protocolaire dans sa tour d’ivoire. Docteure Damascena était la soignante proche de sa patiente qui prenait en considération un contexte particulier. Mais ma consœur venait justement chercher cette science, car l’humanité, elle en débordait déjà. J’ai seulement été surpris d’avoir été assigné à cette place par la force des choses, moi le défenseur de l’empathie et de la psychologie. J’étais où je devais être sans vouloir y être. Est-ce ce qu’on appelle les responsabilités ? Renonce-t-on à sa liberté lorsque l'on fait son devoir?


C’est possible, mais au final le duo a bien fonctionné car madame H. a pu respirer l’air chaud et épicé du sol d’Alger





Iconographie: La Tour d'Ivoire de l'Histoire sans fin par Peter Bartels.








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