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PARACELSE, LE PERE DE LA MEDECINE MODERNE

  • Photo du rédacteur: Les carnets d'Asclépios
    Les carnets d'Asclépios
  • 24 juin 2021
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 juin 2024




Théophraste Bombast Von Hohenheim, plus connu sous le nom de Paracelse, est probablement avec Hippocrate l’un des plus grands médecins de notre temps. Si Hippocrate est connu pour être le père de la médecine, Paracelse est à bien des égards le père de la médecine moderne pour laquelle il a su poser les bases fondamentales il y a cinq siècles.

Né en suisse en 1493, il est le fils d’un médecin qui assurera son éducation faute d’une mère qui décède quelques temps après sa naissance. D’une nature curieuse, le jeune Théophraste est stimulé par son père qui sait apporter de l’eau au moulin de son désir de savoir. Il étudie la physique, la nature, les plantes médicinales, les minéraux et se trouve rapidement une passion pour le métier de son père. Il commence alors l’école chez les hommes d’églises qui lui enseigneront la lecture de la bible ainsi que la philosophie et les sciences qui formeront le socle de sa pensée.

En effet, très tôt dans sa vie, il expose le principe d’interaction des systèmes. Pour lui, pas de doute, tout est en lien avec tout : le ciel, les étoiles, la nature, la vie, le corps… De ce principe découlera l’une de ces idées les plus révolutionnaires : les maladies sont déclenchées par des phénomènes extérieurs à l’organisme. Depuis l’antiquité et Hippocrate, les maladies étaient considérées comme le déséquilibre des humeurs internes. Avec son intuition du rôle d’agents externes, Paracelse ouvre la voie qui conduira à la microbiologie, la virologie, la bactériologie et toutes les découvertes qui apparaitront trois siècles plus tard.

Il devient bachelier de médecine en 1511, il a dix-neuf ans, et déjà il s’oppose aux maîtres des universités. Enfermé dans un savoir livresque scolastique, les médecins de l’époque n’ont que faire des connaissances tirées de l’observation de la nature et par extension de l’expérience et de l’expérimentation. À l’époque, les savoirs se transmettent depuis plus de mille ans sans qu’aucune adaptation ni évolution n’aient été proposées. Les choses sont ainsi et doivent le rester.

Voilà à quoi Paracelse s’attaque.

Il quitte donc l’enseignement morne des amphithéâtres borgnes et part étudier sur le terrain.

Il aurait suivi l’enseignement de l’Abbé Tritheim, un homme frôlant l’hérésie pour oser prétendre que l’Homme peut tendre vers une spiritualité dépassant les standards de l’église. Propos plus que dangereux à cette époque. Vers ses vingt-deux ans, il quitte son supposé mentor pour parcourir le monde à la recherche d’expérience et de savoir.

Il va s’initier à l’étude des métaux et minéraux dont il tentera de faire des remèdes en étant parfois le cobaye de ses propres expériences.

À cette époque où les savoirs rationnels et irrationnels sont liés, il étudie la chimie en même temps que l’alchimie, les sciences en s’initiant à la magie, la philosophie et la religion, l’astronomie par l’astrologie puis il essaie de lier chaque composant du monde pour expliquer le macro par le micro et le micro par le macro. En résumé, il recherche la vision d’ensemble, l’explication globale du monde, vaste projet.

Son voyage lui fait traverser l’Europe. L’Allemagne, la Suisse, l’Italie, le Portugal, la France, l’Angleterre puis il s’engage comme barbier chirurgien dans l’armée hollandaise puis danoise… toute expérience est bonne à prendre. Il va chercher le savoir où il est, dans les villages, les champs de batailles, les camps de bohémiens, chez les « sorcières », puis il passe le savoir brut au tamis pour en garder l’essentiel. La personnification de la curiosité et de l’ouverture d’esprit.

En 1527, alors qu’il vagabonde depuis plus de dix ans, il est invité à se fixer à Bâle par un notable de la ville à qui il a sauvé une jambe. Il y croise également Erasme qu’il soulage de troubles hépatiques faisant de Paracelse un médecin reconnu dans la cité. Il lui est donc proposé une chaire à l’université locale. Le voilà professeur à trente-quatre ans.

Sa première contribution est de sortir le latin des amphithéâtres. Langue officielle de l’université, Paracelse préfère l’allemand afin de ramener la connaissance au plus près des étudiants. Si cela semble anecdotique, il s’agit d’une réelle révolution.

Mais ce ne fut évidemment pas son seul apport à la médecine. Alors qu’au sortir du moyen-âge le terrain est vierge, voici quelques idées vieilles de cinq siècles évoquées par ce médecin anticonformiste :

Il évoque la possibilité que l’air soit chargé de particules infectieuses et propose d’aérer les chambres des malades pour éviter les infections respiratoires.

Il imagine que les êtres vivants sont composés de la même matière que l’univers et que seul des composés chimiques peuvent soigner les désordres chimiques internes. Il évoque également le principe de posologie bien représenté par cette phrase : « C’est la dose qui fait le poison ».

Il identifie les maladies neurologiques et mentales. Il réfute l’origine diabolique de l’épilepsie mais la décrit comme un mal interne.

Il apporte à la psychiatrie les préceptes de conscient et d’inconscient et il fait le lien entre le corps et l’esprit en décrivant des pathologies psychosomatiques.

Par l’observation de la suggestion, il évoque ce que sont les fondements de l’hypnose.

Il identifie les maladies pulmonaires des mineurs comme la silicose.

Il rapporte les propriétés anesthésiques de l’éther.

Jugé trop subversif, ses pairs bâlois le contraignent rapidement à l’exil et donc à reprendre la route. N’ayant comme seul outil de recherche que l’expérimentation, il pose également les premières pierres de la recherche scientifique.

Après une vie de vagabondage et d’errance savante, il s’éteint en 1541 à Salzbourg où il demande à être enterré dans le cimetière des pauvres.

De cette vie il reste de nombreux écrits sur des sujets vastes. Bien sûr, tout n’est pas à conserver dans les principes de Paracelse, mais n’oublions pas que nous sommes à la fin du moyen-âge et que ses idées ont grandi sur le terrain stérile de l’obscurantisme. Mais même dans des disciplines dont on sait aujourd’hui l’absurdité, il arrivait à se décaler des sentiers battus. En plus de la médecine et de la chirurgie, son œuvre traite de philosophie, de sciences naturelles, d’épistémologie, de religion et de sociologie.

Comme beaucoup de génies qui pensent les concepts d’une manière globale, il fut raillé de ses contemporains aux vils intellects qui se sentaient mis en danger par cette vision nouvelle et révolutionnaire de la médecine. Probablement que son physique ingrat, sa grossièreté verbale, ses manières rustres et son alcoolisme ont fait du tort à ses théories et à leur diffusion.

La vie est faite de personnes qui suivent les chemins déjà tracés et puis d’autres qui essaient contre les idées de leur temps d’en tracer de nouveaux. Paracelse est sans doute l’un -voire le plus grand- des médecins du monde occidental et le père de la médecine moderne dont nous sommes les héritiers.

« N’est pas sujet d’autrui qui peut être son propre maître »

Paracelse











Iconographie:

1- Paracelsus par Oskar Schlemer

2- Portrait de Paracelse par Pierre Paul Rubens

3- Paracelse alchimiste, artiste inconnu

4- Portrait de Paracelse, artiste inconnu






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